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TENNIS FEMININ - ACTUS
29 septembre 2012

UN SITE D'EXCEPTION À PROTÉGER

La ferme Hurtubise est l'une des plus anciennes maisons rurales de l'île de Montréal. Nichée sur l'idyllique chemin de la Côte-Saint-Antoine, elle offre aux visiteurs une histoire riche et fait la fierté des habitants de Westmount. Un témoignage du passé à préserver à tout prix.

Sitôt sorti de la station de métro Vendôme, les premiers pas sont révélateurs : la petite ville anglophone de Westmount est tout ce qu'il y a de plus bourgeois. De ses grosses bâtisses à ses rues en apparence parfaites, de ses boutiques au prix exhorbitants au style de ses habitants : des femmes à l'allure guindée, lunettes de soleil Ray-Ban sur le nez, chiens toilettés en laisse. Le décor est planté. Un peu plus loin, en haut de la rue Victoria, la maison Hurtubise se dévoile, interpelle. Elle est là, paisible, comme endormie. Elle tranche avec le style victorien des villas voisines. Ce n'est pas la plus imposante demeure du coin, peut-être pas la plus belle, mais certainement celle qui a le plus d'histoire. Un passé long de plus de 300 ans.

Un monument historique
La propriété, composée de deux unités, mesure 11 mètres sur 10,4 mètres.
À gauche, la maison originelle de 1739 avec ses quatres fenêtres sur le toit. Du côté droit, l'annexe en brique bordeau, rajoutée en 1870, et qui accueille des locataires, encore maintenant. Le vélo dans la véranda ainsi que le barbecue du jardin en témoignent.
Le style correspond à celui de la maison française du XVIIIè siècle, en pierre, avec un toit incliné et deux cheminées. Le terrain est assez vaste. Quelques endroits sont visiblement entretenus. D'autres pas, comme le côté droit du jardin, abandonné. Des branches d'érables cassées sont à terre. Les fougères et mauvaises herbes ont poussé. Quant aux toiles d'araignées, elles viennent décorer la cloture en bois. Seuls les écureuils perturbent le caractère silencieux de la scène.
La plupart des gens qui font leur jogging ne prêtent pas attention à la maison de ferme Hurtubise. Et pourtant, ils passent près d'un monument classé historique en 2004. Marie-Paule, elle, en a conscience. Cette mamie dynamique aime à contempler l'édifice. « 
Depuis dix ans que j'habite dans le Westmount, je ne m'en lasse pas. Je trouve cette habitation tellement charmante et authentique. Quand je la regarde, j'imagine des scènes de la vie qui y ont pu s'y produire... » Selon la vieille dame, qui a eu le privilège de visiter les lieux il y a quelques années, du mobilier d'origine est encore présent dans l'habitation. Elle ajoute, « Si j'ai bonne mémoire, la maison compte 4 niveaux : un sous sol, un rez de chaussée et deux étages. » Le sous-sol permettait notamment de conserver la nourriture alors que la famille venait s'y cacher en cas d'attaques amérindiennes.
Marie-Paule aura l'occasion de redécouvrir cette propriété si particulière lors de la 21è Opération patrimoine architectural de Montréal (Opam) du 23 septembre au 9 octobre. Des visites gratuites de 30 minutes y seront organisées.

Un héritage familial
Tenant son nom de son propriétaire, Jean Hurtubise, la maison de ferme est bâtie par le maçon Jacques Bertrand alors que Montréal n'en est qu'à ses balbutiements. La grandeur du bâtiment laisse présager que les Hurtubise sont aisés. La date de construction de la plus ancienne partie porte à confusion. Les ouvrages d'histoire sont discordants mais une étude récente dévoile qu'il s'agirait bien de l'an 1739.
L'implantation de la ferme n'est pas anodine : il s'agit du flanc sud-ouest du mont Royal, soit à l'extrémité ouest des terres abandonnées de la mission de la Montagne. L'espace original est bien plus important que celui d'aujourd'hui. Le père de Jean Hurtubise, Louis, cultivateur, se voit donner le terrain par les prêtres Sulpiciens à la toute fin du XVIIè siècle. L'époque où les premiers colons européens débarquent au pays de l'érable.
L'agriculture, principale source de revenus, constitue l'activité de la famille Hurtubise. Pommes, cerises et pruneaux bénéficient d'un ensoleillement particulier sur le coteau. Les fruits sont vendus sur les marchés. Des granges et autres dépendances composent le site. Ce n'est qu'en 1880 que toute cultivation est cessée face à l'expansion de la ville résidentielle de Westmount. D
ans la foulée, une grande remise en bois est construite au fond du jardin. Celle-ci accueille les premiers véhicules à moteur. Ce sont au total huit générations qui vont se succéder jusqu'en 1956, date de vente de la maison.

Un patrimoine à conserver
La ferme Hurtubise est un temps menacée de démolition. Elle est finalement sauvée par des racheteurs. Ils créent l'organisme non lucratif Héritage canadien du Québec auquel ils cèdent les droits en 1961. L'organisme veille à préserver les constructions québécoises de valeur. « 
Nous souhaitons que ce monument soit préservé et qu'il soit un élément pédagogique pour les futures générations. C'est un témoin du début de la colonisation ici au Québec. » déclare Jacques Archambault, directeur général d'Héritage canadien du Québec. Il précise que son administration est le commanditaire des travaux de rénovation actuels. Car la maison originelle est en chantier. Des échaffaudages entourent l'édifice. L'auvent a partiellement été défiguré. Ses poutres et barrières ont disparu. On parle d'une rénovation définie, c'est-à-dire basique, pour ne pas dénaturer la structure originale. Coût total des travaux : 100 000 dollars, dont 20 % sont subventionnés par le ministère de la Culture, de la Communication et de la Condition féminine. « C'est peu de la part du gouvernement. », admet Jacques Archambault, « Le reste provient des levées de fonds et des dons de la population. » L'organisme ne souhaite pas générer de l'argent avec une entrée payante, par exemple : « On agit plutôt comme un service public avec une mission d'intérêt général. Le patrimoine doit rester accessible, notamment aux étudiants en Architecture ou aux professionnels de l'Histoire. » On notera tout de même que les visites sont limitées sur l'année. Il faut prendre rendez-vous pour avoir la chance d'explorer la maison de ferme Hurtubise.

JQM

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