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TENNIS FEMININ - ACTUS
22 novembre 2012

DES OASIS VERTS AU MILIEU DES BUILDINGS

Il y a un siècle, des vaches passaient aux abords de la rue Sherbrooke, le parc Lafontaine était la ferme Lafontaine. Aujourd'hui, l'agriculture peut-elle renaître entre les pavés ?

« Le concept des jardins autonomes prend de plus en plus d'ampleur à Montréal. Tout espace est prétexte au développement de l'agriculture urbaine, qu'il s'agisse des toits, des terrasses institutionnelles, des ruelles ou des cours d'écoles. Les projets de production alimentaire et de verdissement de la ville de Montréal fleurissent dans un contexte de dégradation environnementale et de mal bouffe, où les citoyens sont en mal de nature. », affirme Gaëlle Janvier, la chargée de projet d'Alternatives, une organisation de développement international basée dans la métropole québécoise. Un moyen d'obtenir des aliments frais et de réduire notre empreinte écologique. Une manière de revenir aux besoins primaires de l'être humain.
« 
Nous travaillons sur bon nombre de projets actuellement. », raconte-t-elle. La jeune femme ajoute, « Nous sommes des consultants en montage de projet. Nous assistons les communautés qui veulent monter les jardins. On les encourage à apprendre ce qu'il y a de plus facile à développer. L'idée est vraiment de se réapproprier l'espace. » L'organisation a des partenariats divers et variés, des écoles aux centres pour personnes âgées en passant par les associations de voisinage. Le fruit de tout cela, ce sont des jardins collectifs, comptant un animateur-jardinier qui coordonne les activités et initie les nouveaux participants.

À la reconquête des espaces verts
Le Collectif de recherche en aménagement paysager et agriculture urbaine durable (CRAPAUD) est un des partenaires d'Alternatives. Il intervient à l'UQ
ÀM, dans la cour intérieure du complexe des sciences, près du pavillon Président Kennedy. Là, nous retrouvons notamment des plantes médicinales. Lorsque l'on approche son nez, les exhalaisons qui se dégagent ouvrent l'appétit. En réalité, ces odeurs agréables ne sont pas sans rappeler les soupes d'hiver aromatisées de condiments parfumés. Le nom de chaque plante est inscrit sur de petits écriteaux en acier, tenus par des fils de fer. Ainsi, pensées sauvages, valériane, bardane, orties, dessinent le petit jardin au milieu des plus traditionnelles lavandes et menthe.
Un couple de connaisseurs s'arrête. Ils passent la main dans les feuillages. Ils essaient de deviner à quelle plante correspond la senteur. « 
Nous aimons venir ici. C'est agréable d'avoir accès à ce petit coin vert au milieu de la ville. Cela serait bien qu'il y en ait plus. » Une autre habituée des lieux, la soixantaine, vient enlever quelques feuilles d'automne tombées sur les arbustes. « J'aime le rapport à la terre et sentir les plantes. C'est très rafraîchissant et cela nous change des odeurs des pots d'échappement ! » lance-t-elle d'un ton ironique. En face des plantes médicinales, se situe un rectangle dédié au compost.

Des techniques astucieuses
Outre l'accompagnement aux communautés, Alternatives a fait de nombreuses expérimentations horticoles. « 
Nous avons développé des techniques, comme les bacs, construits à base de matériaux récupérés, et qui permettent la culture hors sol. Le but de ces procédés est d'occuper les espaces contaminés qui ne permettaient pas la culture auparavant. », explique Gaëlle Janvier. Les bacs à réserve d'eau permettent une autonomie de trois jours et la récupération des eaux de pluies. Autre atout du concept, le potentiel éducationnel pour les plus jeunes. Les petits citadins qui n'ont pas été habitués à voir pousser des aubergines ou des tomates ont l'opportunité de l'observer.
Avec l'arrivée de l'automne, le jardin sur le toit du pavillon de Burnside à l'Université McGill vient d'être démonté pour mieux revenir en avril prochain, aux beaux jours. Certaines plantes qui ne souffrent pas de la rudesse de l'hiver ont été replantées aux abords du grand bâtiment. Caca d'oie, tilleul, avocat, les teintes de vert des arbustes se mélangent, comme sur la palette d'un peintre. Des enfants curieux viennent voir à quoi ressemble des feuilles d'estragon français ou de sauge. Un bénévole déclare, « 
Je m'implique au jardin pour rencontrer des personnes qui ont les mêmes valeurs sociales que moi. À mon avis, c'est une activité très zen où il ne faut pas être performant à tout prix. » Au Printemps, les plantes potagères, tropicales et médicinales reprendront leur place sur différentes terrasses de la ville. Il faut dire que ces lieux de pousse incongrus sont parfois les seules options dans un environnement urbain saturé.

Encore du travail à accomplir
La chargée de projet d'Alternatives a un regret, le fait que la mairie ne s'implique pas dans l'agriculture urbaine. « 
Ils ne s'investissent pas. Ils n'en ont rien à faire. Nous avons lancé une consultation publique pour forcer la municipalité à s'y intéresser. Dans son plan de développement durable, il n'y a qu'une phrase sur l'agriculture. C'est ridicule pour une ville qui est reconnue internationalement pour la qualité de ses projets dans l'agriculture urbaine. » Parce que la construction de sociétés durables semble légitimement passer par cette notion.

Une implantation à l'échelle globale
Les jardins collectifs peuvent rappeler les jardins partagés, ces parcelles que les villes mettent à disposition des familles. Une notion fort développée en Europe notamment, avec les fameux
allotment en Grande-Bretagne ou les jardins ouvriers sur le Vieux Continent. Les jardins collectifs s'en distinguent cependant, puisqu'ils sont gérés par des ONG et les récoltes sont distribuées collectivement. Qu'il s'agisse d'Alternatives ou de tout autre organisation, l'idée est de stimuler le développement et que chaque technique soit transposable du Nord au Sud.
Aux États-Unis, la ville de Détroit, ancienne capitale mondiale de l'industrie automobile, qui a connu la crise, la fermeture des usines, l'exode de ses populations, et le délabrement des habitations, est en train de renaître grâce à l'agriculture urbaine. Cette dernière contribue à l'intégration des immigrants afro-américains et participe à la production de tonnes de produits frais et sains. Un exemple qui pourrait servir de modèle aux politiques des plus grandes villes mondiales.

JQM

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Commentaires
1
Quel dommage que vous ne postiez plus!
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