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TENNIS FEMININ - ACTUS
12 avril 2012

HERSTAPPE : C'EST RIQUIQUI, TOUT PETIT !

Sa superficie et sa population font de ce village du sud du Limbourg la plus petite commune du Royaume de Belgique. 83 habitants, quatre rues, une trentaine d'habitations... et un espace social pas si évident à appréhender dans cet endroit où se côtoient néerlandophones et francophones.

Mieux vaut être équipé d'un GPS, ou bien, employer la bonne vieille méthode : demander son chemin aux passants. Herstappe n'est indiqué que par un seul panneau fléché, au tout dernier moment. Entouré de larges champs agricoles, le village se situe sur la N614 à six kilomètres au sud de Tongres. Le silence règne entre un écho aérien et un éventuel chant d'oiseaux. Le temps s'est comme arrêté.
Quand on a la chance de croiser un Herstappien, celui-ci indique spontanément la propriété du bourgmestre, Serge Louwet. « Allez le voir, il habite juste derrière. Vous voyez la bâtisse là ? » Un drapeau noir, jaune, rouge flotte dans le jardin. La maison est typiquement belge avec ses briques de couleur grenat et ses fenêtres en bois. Le bourgmestre ouvre la lourde porte d'entrée de style moyen-âgeux. « Entrez donc ! ». L'homme à la soixantaine rugissante est petit et trapu. Son bureau ? La table de la cuisine... A commune minime correspond une équipe municipale minime, soit deux échevins et quatre conseillers communaux. Ici, on ne parle pas des libéraux, socialistes ou catholiques. Le parti de la majorité s'appelle Herstappe 2000. Il n'est ni de gauche, ni de droite. Les septante votants choisissent plus un programme concret qu'une grande famille politique à idéologie.

Une évolution démographique logique
Le mayeur, qui en est à son troisième mandat, conjugue son activité politique avec l'agriculture, son métier. Une profession prépondérante au sein du patelin. On y compte en effet neuf fermes. Les métiers de la terre représentent la plus grosse part de revenus des habitants. Malgré tout, le secteur agricole recule. « Au grand maximum, il y a eu 138 habitants. Les fermes attiraient les gens pauvres. Ils venaient y travailler et s'y loger. Des gens qui soignaient les animaux, des servantes, et des paysans qui travaillaient dans les champs. Les grands fermiers, seigneurs, ne faisaient que gérer leur ferme. » dit Serge Louwet avec un fort accent flamand. Et puis l'ère de l'industrialisation change la donne. Les ouvriers partent à l'usine. Un moyen pour eux de mieux gagner leur vie. La population commence dès lors à diminuer à partir des années 1950. Lentement mais sûrement.La désertion de la localité provoque la fermeture de l'école communale à la fin des années 1970. Les enfants se rendent dans les écoles des communes voisines.
Actuellement, aucun véritable commerce n'est à recenser. Signalons tout de même le bureau de poste, une permanence étant assurée un jour par semaine seulement. Un poste de police sans agents : « La police est basée à Tongres. Elle ne vient ici que s'il y a un souci. » Et puis, un café, au nom de « 't Tholuyst », (qui signifie « la douane ») est ouvert depuis quatre ans (voir ci-contre). L'église néo-gothique Saint-Jean-Baptiste, quant à elle, interpelle. La porte est verrouillée. Selon une riveraine, il en est ainsi « parce qu'elle a été vandalisée dans le passé. Il faut demander les clés à la femme de ménage pour pouvoir y accéder. » Un mini cimetière à l'anglaise, constitué d'une quarantaine de tombes, vient encercler l'édifice culminant.

Des divergences inattendues
À Herstappe, on se trouve sur le sol flamand, dans le Limbourg, mais à la frontière de la province wallonne de Liège. On y parle aussi bien le néerlandais que le français. Il s'agit d'une commune à facilité linguistique. « Cette particularité explique pourquoi on ne s'est jamais rattaché ou regroupé avec d'autres villages. Les entités voisines sont uniquement néerlandophones. Pas moyen de s'unir. », explique le bourgmestre. En ce sens, Herstappe n'a jamais été absorbée par Tongres, comme les communes de Lauw ou Rutten. Elle est toujours restée indépendante, isolée. Les noms des rues et des panneaux sont inscrits dans les deux langues, comme à Bruxelles. Cela dit, « ici il n'y a pas de querelles linguistiques » plaisante Serge Louwet. Illustration de cette bonne entente communautaire : la messe a lieu un dimanche en néerlandais et le suivant en français, sans poser le moindre souci.
Les problèmes seraient plutôt d'ordre politique. Un habitant souhaitant garder l'anonymat évoque la question. « Herstappe est divisé en deux groupes politiques. Ceux qui sont pour le bourgmestre et ceux qui ne le sont pas nécessairement. Les membres d'une famille votent tous pour le même candidat. Alors quand quelqu'un change d'opinion, c'est d'une certaine manière vu comme une trahison par les autres. Lorsqu'une parole est cassée, elle l'est pour toujours. »
Les relations entre les gens sont équivoques. « Ici, on est comme une grande famille. Il y a toujours des bons et des mauvais moments. S'il y a un mariage, un décès, tout le monde va venir à l'événement. » poursuit-il. Mais qui dit famille ne dit pas obligatoirement « bonne famille ». Comme dans chaque fratrie, des tensions peuvent éclater et des clans se former. Dès qu'un trouble intervient, tout le monde le sait. Vous avez dit bouche à oreille ? « Les mentalités sont plus fermées ici qu'en ville. Dans une petite communauté, on a des principes, des valeurs qu'on doit respecter. »
Pour mettre les brouilles de côté, les locaux ont l'occasion de se réunir au moins une fois par an, l'été, lors de la foire organisée par l'association indépendante « Les Amis de Jean Sans Peur ».

Une stabilité immuable
La commune microscopique a des projets modérés, des ambitions à son niveau. Il faut dire que son budget annuel ne dépasse pas les 60 000 euros. Le chef du village précise, « 
L'idée, c'est de faire le moins de dépenses possible, d'avoir un réseau routier et la maison communale en bon état. Ce sont les seules préoccupations de la commune ; que la gestion se fasse au mieux. On veut avoir les avantages d'une ville. On a une cabine téléphonique publique, on a le gaz de ville ce qui n'est pas le cas partout à Tongres, par exemple... »
Trouver des informations sur ce lieu pas comme les autres relève du parcours du combattant. Il n'existe pas de site internet. Tout au mieux, il est possible de rejoindre le groupe Facebook « Herstappe, commune anarcho-capitaliste » en flamand... Quoi qu'il en soit, investir dans la communication n'est pas une priorité pour les politiques. Les Herstappiens sont à l'aise dans leur milieu paisible et confiné et ne souhaitent pas attirer plus de gens. Le chemin cyclable, inauguré il y a dix ans, avait suffisamment bouleversé la vie locale !

JQM

 

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